I found you. I found me.

Parfois, non souvent en fait, je dois bien le dire, c'est encore difficile. Difficile parce que je me pense bien avec moi-même puis j'oublie ce sentiment pour fricoter avec une autre, idéal de moi-même, double merveilleux qui n'existe pas. Je me perds dans l'iconographie présente sur internet, ces images qui dansent devant mes yeux et m'obnubilent. Séries de photos, d'articles, de témoignages de filles intéressantes, belles, que j'admire profondément et qui m'inspirent au quotidien. C'est étrange parce qu'elles me permettent de me trouver, de savoir un peu mieux ce que j'aime, vers quoi j'ai envie de me diriger, parce qu'elles m'apprennent, parce qu'elles me font débusquer cet autre moi-même qui ne demande qu'à sortir. Mais elles m'emprisonnent aussi. Mon impatience me donne envie de tout avoir, maintenant, tout de suite. Si bien que je ne me supporte plus et que je veux sortir de moi le plus vite possible. Parfois c'est un sentiment terrible qui me prend si fort aux tripes. J'ai toujours tout vécu avec intensité, même quand ce n'était pas grave. Et dans ces moments-là j'ai comme une envie de m'arracher de moi-même, d'enlever cette peau qui me recouvre, de me vider de tout ce que je n'aime plus. La transition que je vis est parfois insupportable et je veux juste en avoir fini avec ça. Je veux être cette autre moi que j'essaye de construire. Mais je veux l'être maintenant. Et dans ces moments-là, je me perds. Je ne comprends pas que c'est un processus et que donc ça prend du temps. On appelle ça grandir, on appelle ça mûrir, on appelle ça l'acceptation et ça ne se fait pas du jour au lendemain, même quand tu as commencé à comprendre ton fonctionnement, même quand tu as commencé à comprendre ce que tu aspires à développer chez toi, vers quoi tu souhaites te tourner, dans quoi tu souhaites te réaliser. C'est un processus de se réaliser. Et je ne dois pas me laisser obnubiler par toutes ces jeunes filles qui m'inspirent, me poussent à devenir une meilleure moi-même. Elles ne doivent pas devenir un obstacle parce que j'ai peur d'être moins bien ou parce que j'ai l'impression de ne rien valoir comparée à elles alors que je les admire assez pour vouloir leur ressembler. Pourtant le chemin parcouru est déjà grand et je devrais cesser de me dévaloriser. Je suis de moins en moins dans un flou quant à ce que je suis. Je navigue de moins en moins d'une chose à l'autre en essayant de me stabiliser, en essayant de comprendre. Et peut-être que la solution est aussi d'affirmer ce que j'aime et ce que je veux être en cessant de me sentir... idiote, fausse, mal à l'aise. Il n'y a pas de mauvaise réponse, il n'y a personne pour me regarder et me dire que non, ce n'est pas ce que je devrais faire, non ce n'est pas ce que je suis. Seule moi peut déterminer ce que j'aime vraiment et si j'ai envie de me tourner vers ces choses-là, si j'ai envie de m'habiller comme ça, si j'ai envie d'avoir cette tête, ce caractère, ces intérêts. Peut-être qu'à présent je dois en finir avec ce fichu sentiment de l'imposteur. Parce que bon sang, il me pourrit la vie à force. Oui je suis en train de changer, d'évoluer. Et c'est bien. C'est lent, c'est difficile, c'est parfois épuisant parce que j'en viens à être fatiguée de ce cocon à moitié déchiré. Mais c'est bien.


Moi aussi je suis quelqu'un. Je suis une jeune fille que l'on voit comme timide et qui pourtant s'affirme de plus en plus facilement, est capable de prendre la parole et de prendre des positions, de parler aux gens, d'être entreprenante. Je suis une personne qui ne se donne pas assez les moyens pour réaliser ce qu'elle veut et qui a envie plus que tout de changer cela parce que j'ai envie de réaliser un tas de choses et de vivre un tas de trucs. Je suis une bosseuse acharnée et ça me plaît aussi. J'aime être une "intello" et je refuse d'y voir une insulte à présent parce que c'est ça qui a fait ce que je suis aujourd'hui : j'aime être sérieuse et intelligente... même quand j'ai l'impression que tout cela ce n'est que de la chance. Et je me sens réellement fière de cette partie de moi, même quand je n'en peux plus qu'elle prenne le pas sur le reste, sur mes autres envies. Je ne suis pas une fêtarde et je commence sérieusement à m'en foutre de préférer mes livres et mes séries à une fête le samedi soir. Et en même temps, j'ai souvent la sensation de laisser passer trop de choses, trop de sorties, trop d'occasions. Alors je compte bien profiter plus de la vie comme je l'entends, de participer à plus de choses qui se présentent à moi et de ne pas me laisser happer par une vie banale où chaque instant s'aspire sans que j'en retire quoi que ce soit. J'aime la mode et tout ce qui semble futile aux yeux de plein de gens. Et oui je m'en fous, j'aime prendre soin de moi, je n'en suis pas pour autant superficielle ou idiote. Construire un corps, un style que j'aime est un des moyens pour moi de me construire en profondeur. Je suis féministe et je connais maintenant les concepts qui le traversent, ce qui me permet d'affirmer ma pensée face aux autres et de mieux voir le monde qui m'entoure. J'ai encore beaucoup de choses à comprendre mais un jour, j'arriverai à me sentir en pleine possession de cette cause (et de toutes les autres) qui me tiennent à cœur et que j'ai envie de défendre avec mes propres mots et pas seulement avec ceux des autres. J'aime les arts et tout particulièrement, j'aime la littérature, j'aime le cinéma, j'aime la photographie, j'aime la peinture. Tout cela me fait vibrer. Et mes connaissances ne sont pas encore bien développées, ma culture laisse sérieusement à désirer mais je fais des progrès tous les jours. Et surtout j'ai cette soif de savoir en moi qui semble ne jamais se tarir et que je chérie tout particulièrement parce que cette curiosité fait de moi quelqu'un d'intéressant. Je suis quelqu'un de sensible aux images, qui a elle-même un énorme réservoir en tête. Celui-ci ne demande qu'à servir et, un jour, je me donnerai les moyens pour que ce soit le cas. J'ai la création au bout des doigts. J'ai l'impression qu'elle ne vaut rien mais il n'empêche que ça m'anime au point de me déchirer l'estomac. Je veux la mettre en l’œuvre, je veux faire quelque chose de ce petit moi qui a des images plein la tête. Je suis un tas de choses. Et j'en ai assez de me sentir tour à tour cliché, mal à l'aise, fausse, idiote, peu cultivée, laide. Moi aussi je suis quelqu'un. Et je dois m'en persuader.


2 commentaires

  1. Coucou Camille :)

    J'ai beaucoup aimé ton texte. Moi aussi je regarde toujours les comptes instagram, les blogs, de filles dont la vie (le corps aussi haha) fait rêver... Je me dis toujours dans ma tête : "ma vie est vraiment nulle à côté !" même si j'aime la vie que je mène parfois j'ai l'impression de ne pas profiter et vivre à fond et je regrette de ne pas faire ça maintenant, tant que je suis jeune... Je comprends quand tu parles de changement, j'espère que tu arriveras à trouver qui tu es et à t'accepter ainsi :)

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  2. Ohhh j'étais sûre de t'avoir laissé un commentaire ici mais il n'apparaît pas, l'as tu reçu ou pas du tout ?

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